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VIII

LA DEMANDE EN MARIAGE


Le lendemain soir, M. de Godefroy soupait chez Bigot qui le reçut avec une courtoisie nouvelle. Tandis que les quelques invités qui assistaient à ce souper passaient dans les salles de jeu — car l’on jouait beaucoup et de fortes sommes au palais de l’intendance — Bigot et M. de Godefroy s’isolèrent dans un petit boudoir, sorte de retiro, où l’intendant ne recevait que ses familiers et ses familières.

L’on comprend que M. de Godefroy s’empressa de renouveler à son protecteur l’expression de sa reconnaissance.

— Ce qui m’a le plus touché dans votre généreuse et délicate attention, dit-il, c’est que vous avez pensé à ma fille.

— En vérité ? répondit Bigot d’une manière aimable.

— Oui, vous lui avez assuré par une dot son avenir. Car, comprenez-vous, n’ayant pour seules ressources à peu près que ma place, si j’étais mort que serait devenue ma pauvre Claire ?

— Sans doute, je comprends qu’une jeune