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Les Exploits d’Iberville

duite et qu’il soit le gardien de ma mémoire contre laquelle il ne puisse planer l’ombre d’un soupçon.

Nous ferons tous notre devoir, mes amis. Je vous remercie de m’avoir compris. L’heure est solennelle, je devrais dire mortelle… En face d’un imminent danger d’où peut-être personne ne sortira, à l’heure des grands désastres, il est une coutume suivie par le maître du bord qui écrit un document signé par tous ses officiers, constatant les dangers de la situation, l’imminence de la perte du navire. Ce testament suprême, roulé par la vague, se trouve quelques jours jeté sur la plage… On apprend alors comment sont morts des braves que le devoir ne vit point pâlir… Je l’ai écrit, ce document qui a déjà reçu la signature de votre collègue, Urbain. Nous le confierons à la mer, tandis que nous remettrons notre sort à Dieu.

D’Iberville lut alors, au milieu d’un silence qui empruntait quelque chose de lugubre, le document suivant :

« Aujourd’hui, ce cinquième jour de septembre, dans l’année de Notre-Seigneur mil six cent quatre-vingt-dix-sept, à bord du vaisseau du roi le Pélican, moi, capitaine du navire, je rédige cette note afin que le roi et nos parents, amis, apprennent un jour, si nous devons succomber dans le combat que nous allons livrer dans un instant, quels événements se sont passés.

« À peine entrés dans la Baie d’Hudson, trois