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Page:Rousseau - Philosophie, 1823.djvu/141

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dans les doctes écrits des pères de l’Église qu’il en suit de siècle en siècle le développement ; c’est dans les livres de morale et les annales saintes qu’il en voit les exemples et qu’il s’en fait l’application.

« Quoi ! l’ignorance enlèvera à la religion et à la vertu des lumières si pures, des appuis si puissants ! et ce sera à elles qu’un docteur de Genève enseignera hautement qu’on doit l’irrégularité des mœurs ! On s’étonnerait davantage d’entendre un si étrange paradoxe, si on ne savait que la singularité d’un système, quelque dangereux qu’il soit, n’est qu’une raison de plus pour qui n’a pour règle que l’esprit particulier. »

J’ose le demander à l’auteur : Comment a-t-il pu jamais donner une pareille interprétation aux principes que j’ai établis ? Comment a-t-il pu m’accuser de blâmer l’étude de la religion, moi qui blâme surtout l’étude de nos vaines sciences, parce qu’elle nous détourne de celle de nos devoirs ? Et qu’est-ce que l’étude des devoirs du chrétien, sinon celle de sa religion même ?

Sans doute j’aurais dû blâmer expressément toutes ces puériles subtilités de la scolastique avec lesquelles, sous prétexte d’éclaircir les principes de la religion, on en anéantit l’esprit en substituant l’orgueil scientifique à l’humilité chrétienne. J’aurais dû m’élever avec plus de force contre ces ministres indiscrets qui, les premiers, ont osé porter les mains à l’arche pour étayer avec leur faible savoir un édifice soutenu par la main de Dieu. J’aurais dû m’in-