Page:Rousseau - Philosophie, 1823.djvu/172

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ait influé sur ces grands événements, on ne sera point forcé de convenir que les sciences et les arts y aient contribué ; et l’on peut observer, au contraire, que le progrès et la décadence des lettres est toujours en proportion avec la fortune et l’abaissement des empires.

« Cette vérité se confirme par l’expérience des derniers temps, où l’on voit, dans une monarchie vaste et puissante, la prospérité de l’état, la culture des sciences et des arts, et la vertu guerrière, concourir à la fois à la gloire et à la grandeur de l’empire.

« Nos mœurs sont les meilleures qu’on puisse avoir ; plusieurs vices ont été proscrits parmi nous ; ceux qui nous restent appartiennent à l’humanité, et les sciences n’y ont nulle part. Le luxe n’a rien non plus de commun avec elles : ainsi les désordres qu’il peut causer ne doivent point leur être attribués. D’ailleurs, le luxe est nécessaire dans les grands états ; il y fait plus de bien que de mal ; il est utile pour occuper les citoyens oisifs et donner du pain aux pauvres.

« La politesse doit être plutôt comptée au nombre des vertus qu’au nombre des vices : elle empêche les hommes de se montrer tels qu’ils sont ; précaution très-nécessaire pour les rendre supportables les uns aux autres.

« Les sciences ont rarement atteint le but qu’elles se proposent ; mais au moins elles y visent. On avance à pas lents dans la connaissance de la