Page:Rousseau - Philosophie, 1823.djvu/200

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qui porta des sabots était un homme punissable, à moins qu’il n’eût mal aux pieds. Quant à nous, nous sommes trop obligés d’avoir des souliers, pour n’être pas dispensés d’avoir de la vertu.

J’ai déjà dit ailleurs que je ne proposais point de bouleverser la société actuelle, de brûler les bibliothèques et tous les livres, de détruire les collèges et les académies ; et je dois ajouter ici que je ne propose point non plus de réduire les hommes à se contenter du simple nécessaire. Je sens bien qu’il ne faut pas former le chimérique projet d’en faire d’honnêtes gens ; mais je me suis cru obligé de dire, sans déguisement, la vérité qu’on m’a demandée. J’ai vu le mal et tâché d’en trouver les causes ; d’autres, plus hardis ou plus insensés, pourront chercher le remède.

Je me lasse, et je pose la plume pour ne la plus reprendre dans cette trop longue dispute. J’apprends qu’un très-grand nombre d’auteurs[1] se sont exercés à me réfuter : je suis très-fâché de ne pouvoir répondre à tous ; mais je crois avoir montré, par ceux que j’ai choisis[2] pour cela, que ce n’est pas la crainte qui me retient à l’égard des autres.

  1. Il n’y a pas jusqu’à de petites feuilles critiques faites pour l’amusement des jeunes gens, où l’on ne m’ait fait l’honneur de se souvenir de moi. Je ne les ai point lues et ne les lirai point très-assurément ; mais rien ne m’empêche d’en faire le cas qu’elles méritent, et je ne doute point que tout cela ne soit fort plaisant.
  2. On m’assure que M. Gautier m’a fait l’honneur de me répliquer, quoique je ne lui eusse point répondu, et que j’eusse même exposé mes raisons pour n’en rien faire. Apparemment que M. Gautier ne trouve pas ces raisons bonnes, puisqu’il prend la peine de les réfuter. Je vois bien qu’il faut céder à M. Gautier, et je con-