Page:Rousseau - Philosophie, 1823.djvu/208

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j’en pense, j’en conviendrai si l’on veut ; je dois porter dans un âge plus raisonnable la peine des amusements de ma jeunesse. Mais enfin qu’importe tout cela et au public et à la cause des sciences ? Rousseau peut mal parler français, et que la grammaire n’en soit pas plus utile à la vertu. Jean-Jacques peut avoir une mauvaise conduite, et que celle des savants n’en soit pas meilleure. Voilà toute la réponse que je ferai, et, je crois, toutes celles que je dois faire à la nouvelle Réfutation.

Je finirai cette lettre, et ce que j’ai à dire sur un sujet si long-temps débattu, par un conseil à mes adversaires, qu’ils mépriseront à coup sûr, et qui pourtant serait plus avantageux qu’ils ne pensent au parti qu’ils veulent défendre ; c’est de ne pas tellement écouter leur zèle, qu’ils négligent de consulter leurs forces, et quid valeant humeri. Ils me diront sans doute que j’aurais dû prendre cet avis pour moi-même, et cela peut être vrai ; mais il y a au moins cette différence, que j’étais seul de mon parti, au lieu que, le leur étant celui de la foule, les derniers venus semblaient dispensés de se mettre sur les rangs, ou obligés de faire mieux que les autres.

De peur que cet avis ne paraisse téméraire ou présomptueux, je joins ici un échantillon des raisonnements de mes adversaires, par lequel on pourra juger de la justesse et de la force de leurs critiques : « Les peuples de l’Europe, ai-je dit, vivaient, il y a quelques siècles, dans un état pire que l’ignorance ; je ne sais quel jargon scientifique, encore