Page:Roussel - Chiquenaude, 1900.djvu/13

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fait au courageux bandit, elle avait résolu de l’avertir et de l’exhorter à la vengeance.

Mais elle avait connaissance de la grosse étoffe fée dont le diable était habillé et de son pouvoir merveilleux. Elle avait donc cherché un moyen de combattre ce pouvoir et l’avait trouvé.

La sorcière racontait tout cela sur le devant de la scène d’une voix chevrotante et sourde.

« Où sont-ils, maintenant ? » disait-elle après avoir terminé son histoire.

Et elle se dirigeait vers l’alcôve en marchant sur la pointe des pieds. Du doigt elle écartait légèrement les rideaux et jetait un coup d’œil à travers la fente.

« Oh !… » murmurait-elle scandalisée, en revenant vers le milieu de la scène.

Puis sa vieille face avait un affreux sourire.

« Ils sont si… occupés, disait-elle en minaudant, que je vais pouvoir prendre les vêtements magiques sans qu’ils me voient. »

Elle retournait vers l’alcôve et, cette fois, passant son maigre bras entre les deux rideaux elle tirait à elle le complet charbon ardent de Méphisto.

« Voilà donc ce drap qui rend invulnérable