Page:Roussel - Chiquenaude, 1900.djvu/14

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quiconque en est vêtu, déclamait-elle avec rage, ce drap plus résistant qu’une cuirasse ou qu’une cotte de maille… Nous verrons bien si ceci n’en viendra pas à bout. »

À ces mots elle sortait de dessous son manteau un coupon de vieille flanelle grenat toute sale et tout usée.

Elle avait posé les habits du diable sur une table et pendant qu’elle dépliait sa flanelle elle s’adressait tout bas d’étranges félicitations.

« Comme j’ai bien fait de ne mettre ni camphre ni poivre… À présent voici la flanelle toute mangée et le contact seul suffira, j’en suis sûre.

En effet, la flanelle était partout criblée de petits trous qui prouvaient l’absence de poivre et de camphre dont parlait la vieille fée.

« Et maintenant, à moi, génies de la couture, commandait Chiquenaude, accourez tous… obéissez… »

Ceci était l’occasion d’un gracieux ballet.

Des danseuses et des danseurs sortaient de partout pendant que la scène s’éclairait. Les uns arrivaient par la grande cheminée, les autres par l’armoire dont ils ouvraient brusquement les portes, plusieurs surgissaient du plancher. Tous