Page:Roussel - Chiquenaude, 1900.djvu/17

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Et elle remettait le costume à sa place.

« À présent courons vite chercher Panache, s’écriait-elle ; grâce au miroir magique je saurai bien le trouver et le ramener avant le jour. »

Faisant un geste de menace vers l’alcôve elle sortait d’un pas chancelant.

Trois heures du matin sonnaient bientôt, très lentement, dans quelque clocher voisin.

Foire, éveillée sans doute au bruit de la cloche, écartait les rideaux de l’alcôve et apparaissait dans un charmant déshabillé bleu de ciel.

« Déjà trois heures, » se disait-elle en réfléchissant.

Ensuite, se retournant vers le lit elle éveillait Méphisto par ces tendres paroles :

« Mon bien-aimé, lève-toi, l’heure s’avance et l’on peut nous surprendre. »

Encore tout engourdie de sommeil elle se détirait et venait s’asseoir à une toilette encombrée de fards, de poudres et de parfums. Un rayon de lune glissant par la fenêtre venait doucement éclairer son visage. L’orchestre préludait par quelques accords et Foire, un miroir à la main, chantait une lente et voluptueuse mélodie.

Elle célébrait l’amour, les baisers, la jeunesse