Page:Roussel - Idées religieuses et sociales de l’Inde ancienne.djvu/35

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les Pâṇḍavas n’auraient pas toléré que je fusse touchée par l’air même, et voici qu’ils me laissent en proie au contact d’un méchant homme… »[1]

Elle poursuivit le cours de ses plaintes et elle termina en posant l’éternel problème :

« Ai-je été gagnée (au jeu), ou ne l’ai-je pas été, qu’en pensez-vous, ô rois ? Votre réponse, je l’attends pour m’y conformer, quelle qu’elle soit, ô Kauravas »[2].

Nous avons vu plus haut que Bhîṣma déclina de rechef sa compétence et que la question demeura, sinon insoluble, du moins non résolue.

Par peur de Duryodhana, les princes ne répondirent pas un mot, ni pour, ni contre, observe le narrateur, Vaiçampâyana[3]. Duryodhana, esquissant un sourire, dit à Yâjñasenî que ses époux seuls, et surtout Yudhiṣṭhira, pouvaient résoudre la difficulté. Bbimasena, prenant alors la parole, affirma de nouveau que Yudhiṣṭhira avait le droit de faire ce qu’il avait fait à l’égard de ses frères[4]. Pour ce qui concernait Draupadî, le héros ne se prononça point. Cependant des présages funestes pour les Kurus apparurent, jetant l’épouvante dans toutes les âmes. Un chacal poussa des cris perçants, dans l’appartement du palais de Dhṛtarâṣṭra où brûlait l’agnihotra[5]. De toutes parts, les ânes répondirent à ses hurlements ainsi que de monstrueux oiseaux[6]. Vidura et la fille de Subala, Gândhâri, entendant ces clameurs terribles, en comprirent le sens. Bhîṣma, Droṇa et Gautama, le sage, s’écrièrent :

  1. LXIX, 4 et 5.
  2. Id. 13.
  3. LXX, 1.
  4. Id. 12.
  5. Le feu sacré.
  6. LXXI, 22 et seq.