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Nous ne reproduirons point cette énumération, fastidieuse à force d’être interminable ; nous nous bornerons à relever quelques détails particulièrement caractéristiques. Outre le Nyâya, le Sârtikhya et le Yoga[1], Nârada savait les six Añgas, c’est-à-dire la prononciation, la grammaire, la prosodie, l’art d’expliquer les textes obscurs et de décrire les rites religieux ; enfin l’astronomie. L’art de négocier la paix et de faire la guerre n’avait pas non plus de secret pour lui. Une autre science qui ne lui était pas étrangère et qui ne laisse pas d’être originale, c’était celle qui concernait les querelles entre Suras et Asuras, entre Dieux et Démons[2]. Nârada s’enquit minutieusement de Yudhiṣṭhira s’il remplissait exactement ses devoirs et il lui fit subir un examen en règle[3].

« Tes biens sont-ils proportionnés (à tes dépenses) ?

  1. Ces trois systèmes philosophiques sont célèbres. Le premier est la Logique, mais la logique telle que l’entendent les Hindous ; le second est le dualisme formé du Purusha et de la Prakṛti, du Mâle et de la Nature ; le troisième est l’union de l’âme individuelle avec l’Âme suprême. Il y a encore le Vedânta qui est opposé au Sâm̃khya et qui proclame l’unité d’essence, ou mieux l’advaita, la non dualité, par opposition à la dualité ou dvaita.
  2. Id. T. Pratap, suivant son habitude, paraphrase ce passage plutôt qu’il ne le traduit. Voici comment il s’exprime : « Ever desirous of humbling the Celestials and Asuras by fomenting quarrels among them. » Il y a simplement dans le texte : « Nirvivitsuḥ Surâsurân » que la glose explique ainsi : Surâsurânityâdinâ nirvivitsuḥ ; vivitsurvicâram̃ kartumicchuḥ ; nirvivitsustadvirodhî ubhayeṣâm dbîpramoṣhaṇena kalahapravartakaḥ ; yadvâ nirvedo yuddhâduparatistamkartumicchurlok anâçabhayâdityarthaḥ. Etena bhedâbhijñatvamuktam. En résumé, Nârada désirait connaître les sujets des différents qui pouvaient exister entre les Dieux et les Démons, non tant pour envenimer ces querelles, ainsi que traduit Pratap, que pour les empêcher au contraire, et cela moins par l’intérêt que pouvaient lui inspirer les deux partis qu’en prévision des fâcheux résultats de ces dissensions pour l’univers. Nârada était de l’avis d’Horace : « Quidquid delirant reges, plectuntur Achivi. » I Epist. II ad Lollium, 14.
  3. V, 17 et seq.