Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/129

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jeune fille, puis attendit patiemment pour donner au remède le temps d’agir ; le délai passé, à l’aide de deux coups de pouce nettement appliqués sur le globe de chaque œil, il détacha brusquement les deux taies, qui tombèrent dans le courant et disparurent bientôt vers la mer.

Sirdah avait poussé un cri de joie, prouvant la réussite complète de l’opération, qui venait en effet de lui rendre la vue.

Son père lui répondit par une délirante exclamation, suivie de plusieurs clameurs enthousiastes proférées par le cortège entier.

Regagnant hâtivement la terre ferme, l’heureuse enfant se jeta dans les bras de l’empereur, qui la tint longtemps embrassée avec une touchante émotion.

Tous deux prirent place de nouveau dans la pirogue, qui, traversant le fleuve, les déposa sur la rive droite, pendant que Bachkou rentrait dans sa hutte.

Sirdah gardait précieusement sur elle l’intense humidité due aux eaux sacrées du fleuve témoin de sa guérison.


Guidée par Rao, la colonne remonta la berge sur une étendue de cent mètres et s’arrêta devant