Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/172

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main vers une fillette qui, les lèvres entr’ouvertes, le regard fixe, semblait chanter quelque trille fin et prolongé. À côté, sur un grabat, un jeune garçon immobilisé dans le sommeil de la mort gardait entre ses doigts une longue antenne d’osier ; près de la funèbre couche, le père et la mère, accablés, pleuraient en silence. Dans un coin, une enfant bossue et malingre se tenait humblement à l’écart.

Dans le grain du milieu, Jésus, tourné vers le grabat, regardait le jeune mort, qui, miraculeusement rendu à la vie, tressait en habile vannier l’antenne d’osier légère et flexible. La famille, émerveillée, témoignait par des gestes d’extase sa joyeuse stupéfaction.

Le dernier tableau, comprenant le même décor et les mêmes comparses, glorifiait Jésus touchant la jeune infirme subitement embellie et redressée.

Laissant de côté cette courte trilogie, Fuxier souleva le bas de la grappe et nous montra un grain superbe en le commentant par ces mots :

— « Hans le bûcheron et ses six fils. »

Là, un vieillard étrangement robuste portait sur son épaule une formidable charge de bois, faite de troncs entiers mêlés à des faisceaux de bûches serrés par des lianes. Derrière lui, six jeunes gens ployaient tous isolément sous un