Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/269

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C’est en passant en revue plusieurs familles prisonnières, échappées aux flammes d’un village incendié par lui, que l’empereur avait aperçu Méisdehl. Il s’empressa de prendre l’enfant sous sa protection et la traita comme sa propre fille après son retour à Éjur.

Parmi ses frères d’adoption, Méisdehl distingua vite un certain Kalj, qui, âgé de sept ans comme elle, semblait tout désigné pour partager ses jeux.

Kalj était d’une santé délicate qui faisait craindre pour sa vie, car, en lui, tout semblait accaparé par l’esprit. Supérieur à son âge, il dépassait la plupart de ses frères comme intelligence et comme finesse, mais sa maigreur faisait pitié. Conscient de son état, il se laissait envahir trop souvent par une profonde tristesse que Méisdehl résolut de combattre. Pris d’une mutuelle tendresse l’un pour l’autre, les deux enfants formèrent un couple inséparable, et, du fond de son chagrin, en voyant sans cesse la nouvelle venue aux côtés de son fils, Talou put se faire illusion et croire par moments qu’il avait une fille.

Peu de temps après l’adoption de Méisdehl, quelques indigènes arrivant de Mihu, village situé dans le voisinage de la Vorrh, vinrent annoncer aux habitants d’Éjur qu’un incendie,