accueillant une pareille œuvre sans dénoncer l’auteur.
Entouré de soins dans une case où on venait de l’étendre, le zouave reprit ses sens et conta son odyssée à Séil-kor mis en demeure de s’expliquer avec lui.
Velbar ― le blessé se nommait ainsi ― était né à Marseille. Son père, peintre décorateur, lui avait appris de bonne heure son propre métier, et l’enfant, admirablement doué, s’était perfectionné dans son art en suivant quelques cours populaires où l’on enseignait gratuitement le dessin et l’aquarelle. À dix-huit ans Velbar s’était découvert une forte voix de baryton ; pendant des journées entières, occupé sur son échafaudage à peindre quelque enseigne, il chantait à pleins poumons maintes romances à la mode, et les passants s’arrêtaient pour l’entendre, émerveillés par le charme et la pureté de son généreux organe.
Quand vint l’âge du service actif, Velbar fut envoyé à Bougie pour être incorporé au 5e zouaves. Après une heureuse traversée, le jeune homme, tout joyeux de voir un nouveau pays, débarqua sur la terre d’Afrique par une belle matinée de novembre, et fut aussitôt dirigé sur la caserne au milieu d’un nombreux détachement de conscrits.
Les débuts du zouave novice furent pénibles