Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/273

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et marqués quotidiennement par mille vexations. Un hasard funeste l’avait placé sous les ordres de l’adjudant Lécurou, brute maniaque et impitoyable qui se vantait avec orgueil de sa légendaire férocité.

À cette époque, pour subvenir aux besoins d’une certaine Flore Crinis, jeune femme exigeante et prodigue dont il était l’amant, Lécurou passait de longues heures dans un tripot clandestin où fonctionnait continuellement une roulette tentatrice. La chance ayant jusqu’alors favorisé le joueur audacieux, Flore, richement entretenue, se montrait partout couverte de bijoux et se pavanait en voiture à côté de l’adjudant sur la promenade élégante de la ville.

Pendant ce temps Velbar continuait le dur apprentissage de son métier de soldat.

Un jour, comme le régiment revenant vers Bougie après une longue marche se trouvait encore en pleine campagne, les zouaves reçurent l’ordre d’entonner une joyeuse chanson capable de leur faire oublier en partie les fatigues du chemin.

Velbar, dont la belle voix était connue, fut chargé de dire en solo les couplets d’une interminable complainte dont le régiment entier chantait en chœur le refrain éternellement pareil.

Au crépuscule on traversa un petit bois dans