Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/30

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poing, se croisaient, se poursuivaient, se contorsionnaient en tous sens, comme prises de vertigineux délire.

Puis tout se calma progressivement, et, après un long diminuendo, le ballet s’acheva sur un groupement d’apothéose, souligné par un accord final éternisé en point d’orgue.

Bientôt, les jeunes femmes, encore agitées par des hoquets tardifs, regagnèrent à pas lents leur place primitive.


Pendant l’exécution de la Luenn’chétuz, Rao s’était dirigé vers le côté sud de l’esplanade pour ouvrir la prison à un groupe de race noire comprenant une femme et deux hommes.

Maintenant une recluse seule errait encore derrière la grille épaisse.

Rao, se frayant un passage au milieu de nous, conduisit jusqu’à l’endroit piétiné par la danse les trois nouveaux venus, dont les mains étaient liées en avant.

Un silence angoissé pesait sur l’assemblée entière, émue par l’attente des supplices qu’allait subir le trio d’entravés.

Rao prit à sa ceinture une forte hache, dont