de mélodie, s’enfonçait sans bruit dans le calme ruisseau.
Le même manège se renouvela pendant plusieurs jours. À l’instar des charmeurs de serpents, le Hongrois, par son talent, attirait infailliblement le ver mélomane, qui une fois capté ne pouvait plus s’arracher à son extase.
Le tzigane s’intéressa vivement au reptile, dont la confiance l’étonnait ; un soir, le travail terminé, il lui barra la route avec sa main pour tenter un essai d’apprivoisement.
Le ver, sans aucune appréhension, escalada les doigts qu’on lui offrait, puis s’enroula en de multiples tours sur le poignet du Hongrois, qui relevait progressivement sa manche.
Skarioffszky fut surpris par la charge formidable qu’il lui fallait supporter. Adapté au milieu dense fourni par l’eau de la rivière, le ver, malgré sa souplesse, offrait un poids immense.
Cette première expérience fut suivie de beaucoup d’autres. Le ver connut bientôt son maître et sut obéir au moindre appel de sa voix.
Une telle docilité fit naître dans l’esprit du tzigane un projet de dressage qui pouvait conduire à de précieux résultats.
Il s’agissait d’amener le reptile à tirer lui-même quelques sons de la cithare, en cultivant patiemment sa mystérieuse passion pour l’ébranlement sonore des couches d’air.