Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/408

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la jeune fille ne songea plus qu’à entreprendre le grand voyage si ardemment désiré.

Mais, depuis quelque temps, elle éprouvait une gêne dans le poumon droit, ― une sorte d’oppression pénible et persistante lui donnant le sentiment d’une provision d’air impossible à chasser. Voulant prendre un avis autorisé avant de partir pour sa lointaine expédition, elle alla consulter le docteur Renesme, dont elle avait lu et admiré les célèbres ouvrages sur les maladies de poitrine.

Le grand spécialiste fut frappé par la bizarrerie du cas. Une tumeur interne s’était formée dans le poumon de Louise, et l’atonie de la partie malade rendait incomplète l’expulsion de l’air inspiré.

Selon Renesme, l’affection était causée, sans aucun doute, par certains gaz nocifs que la jeune fille avait absorbés au cours de ses expériences chimiques.

Il devenait urgent de créer une issue factice à l’air, car, sans cette précaution, la tumeur ne pouvait manquer de grossir indéfiniment. En outre, l’appareil respiratoire serait pourvu d’une sonorité quelconque appelée à faire constater à toute heure son bon fonctionnement, ― la moindre obstruction d’un de ses principaux organes pouvant permettre à l’extumescence d’accomplir d’irréparables progrès.