Page:Roussel - La Doublure, 1897.djvu/108

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Pourtant du ton pareil tout à fait de la veste
Au grand col rabattu. Collés sur ses mollets
Gigantesques, ses bas très gros sont violets.
Il paraît tout joyeux de voir la courbature
Du diable ; il a la main passée à sa ceinture
Très lâche sur sa taille et large, jaune, en cuir.

Le diable malheureux et ployé semble fuir
Sous ce poids colossal et calme qui l’écrase ;
Les reins cambrés, touchant à terre presque, il rase
De son ventre le sol, ayant l’air de marcher,
Une main en avant sur le large plancher
Du char ; il tourne un peu vers la gauche sa tête
À qui des cornes d’or donnent un air de bête ;
Il semble qu’il gémisse à l’effort qu’il lui faut
Faire, tournant ses yeux d’un air humble et penaud
Vers son vainqueur ; sa bouche à la longue barbiche
Paraît grincer des dents ; un énorme pois chiche
Se remarque au milieu du côté de son nez
Tout crochu, mince, grand et tombant, presque assez