Page:Roussel - La Doublure, 1897.djvu/276

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Allons-nous maintenant ? veux-tu qu’on continue
Plus loin ? » Elle répond : « Oh ! bien, elle est connue
Cette route ; ma foi, nous n’avons pas besoin,
Il me semble, c’est vrai, d’aller tellement loin,
Puisque la promenade est tout le temps la même.
Nous l’avons déjà fait plusieurs fois très loin, j’aime
Mieux retourner. » Il dit : « C’est comme tu voudras,
Retournons tous les deux. » Il la prend par le bras
Gauche ; ils vont à pas lents, tout doucement. À droite
La mer, en s’agitant, de temps en temps miroite
En montrant un sommet de vague, et redevient
Sombre presque aussitôt.

En marchant, Gaspard tient
Contre lui, de sa main, l’avant-bras de Roberte,
Serrant sur sa poitrine aussi sa main ouverte
Et la lui caressant. Il dit : « Je suis heureux,
Bien heureux. » Puis il la chatouille dans le creux
De la main, effleurant à peine l’épiderme
Des ongles, doucement ; mais elle la referme