Page:Roussel - La Doublure, 1897.djvu/289

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Quelqu’un à leur droite, en ce moment, en bas
De la pente, marchant sur les galets, sifflote
Un air ; on sent qu’exprès de son souffle il tremblote
Comme une mandoline un peu, son sifflement
Toujours juste. On entend bientôt, au changement
Du bruit que fait son pas tout à coup, qu’il commence
À remonter la pente ; il chante sa romance
Depuis quelques instants ; Roberte qui la sait
Cherche à se rappeler, sans pouvoir, ce que c’est ;
Il la chante en fermant la bouche, sans parole ;
Elle cherche : « Voyons, c’est une barcarolle,
Je ne connais que ça. » La tête du chanteur
Émerge, puis son corps ; il vient avec lenteur ;
C’est un enfant, un groom d’hôtel ouvrant la porte,
Tête nue et petit ; dans ses deux mains il porte,
Les éloignant du corps, des galets, tous très blancs ;
Il a sur sa livrée et par devant trois rangs
De boutons aussi ronds que des boules, en cuivre.
Roberte dit tout bas : « Son air va me poursuivre,