Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/122

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À la femme si grande ; elle semble être sûre
De la tendresse qu’elle inspire ; sa figure
Est encore enfantine et son expression
Résume l’enjouement, la satisfaction ;
Elle sourit, la bouche immobile et fermée ;
Sa taille, qui n’est pas complètement formée,
Est mince et prise dans une ceinture en cuir ;
La femme faite va bientôt s’épanouir
En elle ; c’est l’instant où l’enfance qui cesse
Cède la place en peu de temps à la jeunesse,
Où toute une existence autre va commencer ;
Elle est trop franche pour chercher à distancer
Par son allure ou ses paroles la nature ;
Sa pensée est restée incorruptible et pure,
Gardant intacte sa grande ingénuité ;
Son esprit demeuré droit n’a pas profité
Des exemples malsains, vils ; elle est à la veille
Du jour où l’inconnu des sentiments s’éveille ;
Pourtant aucun nouveau trouble ne l’envahit,
Ne la transforme ; rien en elle ne trahit