Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/123

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La moindre obsession ; elle tient une laisse
Tressée en cuir, solide et résistante, épaisse,
Dont le bout se rattache au collier d’un carlin
À l’air affectueux, débonnaire, câlin ;
Il s’est assis avec patience, il arrête
Sur sa maîtresse un long regard, lève la tête
Et reste sans bouger dans le tranquille espoir
D’une caresse ou d’un mot ; son gros museau noir
Est écrasé ; sa tête au-dessus devient claire
Et du ton de son corps ; il semble se complaire
À regarder ainsi, fidèlement, d’en bas,
Le visage de la jeune fille ; il est gras ;
On doit lui donner en bon nombre des pâtées
Délicieuses, bien faites, bien mijotées ;
On devine le chien heureux et caressé
Rien qu’à sa mine ; son collier est hérissé
De forts piquants pointus et dont l’air de menace
Fait un contraste avec l’apparence bonasse
De ce chien entre tous placide, inoffensif,
Dont l’abord serait doux, amical, expansif,