Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/152

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Il a sur l’enfant qui l’écoute l’influence
La plus entière ; il le domine, l’obligeant
À toujours suivre son avis en transigeant ;
Il lui fait accepter ses doctrines, ses vues,
Comme choses d’avance exactes, convenues ;
Il a par ses deux ans de plus un ascendant
Irrévocable ; pour l’autre il est évident
Que son frère aîné sait démêler et voit juste.
Une fillette bien charpentée et robuste,
Se divertissant d’un rien et regardant tout,
Reste plantée avec assurance, debout,
Les bras inertes et droits, derrière la chaise
De la femme qui, bien que sa bouche se taise
Laisse s’épanouir tant de félicité
Sur son visage ; la plus grande qualité
De la fillette est sa radicale franchise ;
Elle ne pose pas ; jamais elle ne vise
À la sensation passagère, à l’effet,
Dans les mots qu’elle dit, les gestes qu’elle fait ;
Elle n’est et jamais ne sera cachottière ;