court délai. La batterie de Bentem deviendrait un sérieux argument le jour où ces dangers paraîtraient imminents, et, à la moindre alerte, l’on verrait la flotte des bâtiments de commerce réduite à quitter la baie pour se mettre hors de la portée de ses canons. Il importait donc de s’opposer à l’exécution de cet ouvrage ; lors même que les secrets desseins des Japonais n’eussent rien contenu d’hostile, le travail était pour le moins inutile. Aussi, après s’être concertés, les amiraux français et anglais écrivirent-ils officiellement, le 6 novembre, aux autorités locales, que tant que le mandat qu’ils avaient reçu du Gorogio, relativement à la protection de la ville, ne leur serait pas retiré, ils s’opposeraient à la construction de la batterie. En cas de continuation des travaux, ils feraient occuper le terrain par leurs troupes. Le gouverneur de Yokohama répondit qu’il n’avait pas le pouvoir de modifier les ordres reçus sans une décision supérieure ; toutefois la construction de la batterie ne fut pas entreprise, et, six semaines plus tard, le Gorogio adressa au ministre de France une lettre qui, sans donner les raisons du projet primitif, assurait qu’il était définitivement abandonné. Telle fut l’heureuse issue de cet incident qui servit à prouver, une fois de plus, aux Japonais, les intentions bien arrêtées des étrangers relativement au maintien de leur établissement de Yokohama.
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