soldats armés de sabres, d’arcs, de fusils ou de lances, puis enfin une longue file de serviteurs et de coulies, portant les bagages dans des caisses carrées en laque noire aux armes du propriétaire, ferment la marche de cet inévitable cortége.
Au jour annoncé, les deux daïmios, partis le matin de Yedo, ne voulurent pas s’engager avec toute cette suite au milieu de la population mixte de Yokohama. Descendant de leurs norimons à Kanagawa, près de l’endroit où il leur eût fallu quitter le Tokaïdo, ils prirent place avec leur suite dans de grandes barques indigènes. Les gouverneurs de Yokohama s’étaient déjà rendus à bord de la frégate ; ils reçurent à l’échelle, en même temps que les officiers de service, et avec de grandes marques de respect, les deux daïmios qui, pour la première fois sans doute, mettaient le pied sur un navire de guerre européen. Rien, dans leur extérieur, n’indiquait leur rang élevé, si ce n’est la simplicité apparente de vêtements qu’il est de bon goût, dans les hautes classes, de porter d’une couleur très-peu voyante, quoique l’étoffe en soit d’un grand prix, si ce n’est encore cette aisance de manières et cette politesse pleine de dignité qu’ils possèdent plus que tout autre peuple oriental. L’amiral Jaurès les introduisit dans ses appartements, où se trouvait, depuis un moment, le ministre de France ; puis, après l’échange de quelques compli-