Page:Roussin - Une campagne sur les côtes du Japon, 1866.djvu/212

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étrangers, qu’on trouvait au jour assassinés dans leurs demeures. Ces exécutions, qui restaient impunies, répandaient l’effroi ; le gouvernement du taïcoun, incapable de rien faire contre cette anarchie, semblait près de succomber. Ses réponses évasives à la dernière communication des ministres furent une véritable déclaration d’impuissance, que tout à ce moment paraissait justifier.

Ces nouvelles décidèrent les représentants des puissances étrangères à persévérer dans la voie que sir R. Alcock avait indiquée quelques mois auparavant. Au lieu de laisser s’écrouler le seul pouvoir avec lequel nous eussions des engagements, au lieu d’attendre tranquillement à Yokohama l’irruption du courant que rien alors ne retiendrait plus, il fallait, par un acte de vigueur, intimider l’ennemi commun du taïcoun et des étrangers, lui montrer la véritable supériorité des Européens, et détacher ainsi de sa cause les princes tenus dans l’indécision par notre faiblesse supposée, où l’on pouvait voir une arrière-pensée d’abandon. S’il ne fallait pas rester sur la défensive, il était également dangereux d’unir les forces étrangères à celles de taïcoun : c’eût été le compromettre irrévocablement vis-à-vis du patriotisme orgueilleux de la nation. La mesure la plus naturelle était donc une opération contre les défenses du détroit de Simonoseki, en tant que les commandants en chef admettraient cette mesure comme