Page:Roussin - Une campagne sur les côtes du Japon, 1866.djvu/214

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

coun, un changement s’était tout à coup opéré dans la composition de son entourage. Une sorte de révolution du palais avait brusquement éloigné des conseils les hommes ennemis des étrangers ; des daïmios dévoués sincèrement aux véritables intérêts du gouvernement les avaient remplacés. Une circulaire annonçant ces graves mesures et que nous croyons devoir reproduire, venait d’être, envoyée après ces événements par le taïcoun aux daïmios dont les résidences entourent son palais de Yedo.

« Notre cœur s’est ému des craintes et des frayeurs du peuple. Nous ne pouvons pas dire que ces craintes et ces frayeurs aient été vaines. Si les dieux kamis ne protégeaient pas le Japon, Yedo aurait pu être brûlée et voir ses habitants dispersés. Que la facilité avec laquelle nous sommes sortis du danger donne de la confiance au peuple pour tous les dangers de l’avenir !

« Depuis que le ciel et le mikado m’ont confié le gouvernement de l’empire, que n’ai-je pas fait pour satisfaire tout le monde ? N’ai-je pas rendu les voyages des daïmios à Yedo plus rares et plus faciles ? N’ai-je pas donné l’exemple des économies ? N’ai-je pas fait deux voyages à Kioto, en moins de douze mois, pour m’entendre avec le mikado et les daïmios sur les moyens de rendre le Japon fort et prospère ?

« La raison exigeait qu’on me tînt compte de mes efforts, de mes anxiétés pour le pays. Si l’expulsion des étrangers par la guerre était chose si facile, au lieu de m’exposer à tant de trouble de tout genre, pourquoi ne l’entreprendrais-je pas ? On invoque toujours la volonté du mikado ; mais cette volonté ne peut être que conditionnelle. Le mikado