Page:Roussin - Une campagne sur les côtes du Japon, 1866.djvu/215

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n’a pas oublié que mes ancêtres ont autrefois chassé les étrangers du Japon et exterminé leurs partisans contre la volonté d’un très-grand nombre de daïmios. Le mikado ne veut pas de calamités pour le pays ; on a pu surprendre son esprit par des mensonges, mais jamais son grand cœur.

« Il semblait naturel d’espérer que mon retour à Yedo donnerait une plus grande unité aux membres du gouvernement, et que je serais soutenu et encouragé par eux contre des aspirations et des entraînements inintelligents. Au contraire, mon retour a été le prétexte d’un grand mal, qui révèle aux hommes amis du trouble des faiblesses et des dangers.

« À l’occasion de certaines explications demandées par le mikado, explications mal comprises, plusieurs hauts officiers ont voulu sortir de leur rang, et, interprétant mal le cœur du mikado, ont dépassé ses intentions. Ils ont attaqué non-seulement ma prudence, qu’ils ont appelée les uns trahison, les autres lâcheté, mais ils ont voulu même s’attaquer à ma personne, montrant par là que ce n’était pas le zèle seul contre l’étranger qui les faisait agir, mais le zèle d’une ambition mal réglée.

« On a voulu même associer les lônines aux troubles du gouvernement. Ce n’est pas assez que la cause soit bonne, il faut encore la défendre convenablement. Si un daïmio, sans s’être entendu avec le gouvernement, commence la guerre contre l’étranger, ne se fait-il pas lui-même gouvernement ? À plus forte raison des hommes qui souvent n’ont pas même de maître et ne dépendent que d’eux-mêmes.

« Ceux qui veulent ainsi précipiter les choses ne peuvent pas se vanter d’aimer le pays. Si Matsdaïra-Yamato-no-kami, au lieu d’appeler au gorogio des hommes violents et de s’en faire une force et une majorité pour demander des choses que le temps et les circonstances seuls peuvent