Page:Roussin - Une campagne sur les côtes du Japon, 1866.djvu/30

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puissants prosélytes essayèrent-ils d’intercéder pour eux ; ils partagèrent leur disgrâce. L’église du Japon cessa désormais de prospérer et ne produisit plus que des martyrs. Les ports furent fermés ; des édits d’expulsion furent publiés partout l’empire et gravés sur les monuments publics. À la mort de Taïko, et lors des dissensions intestines qui se produisirent à l’occasion de sa succession, les chrétiens essayèrent de regagner leur influence en se mêlant aux intrigues des partis. L’élément national ayant fini par triompher, les chrétiens, redoutés comme conquérants, accusés de trahison, furent bannis à jamais, ainsi que la croix, symbole de leur religion. Des milliers d’indigènes périrent avec ceux qui leur avaient enseigné la foi nouvelle, et la religion proscrite finit par disparaître dans une mer de sang. En l’an 1639, le Japon était définitivement fermé. L’année suivante, le massacre de l’ambassade portugaise envoyée de Macao venait prouver combien cette résolution était irrévocable. Le rideau tomba sur ce drame sanglant.

Une seule et singulière exception fut maintenue, toutefois, en faveur d’une nation qui n’arborait pas, comme les autres, le symbole si redouté de la croix, et qui avait su garder les sympathies du peuple japonais en restant à l’écart de ses dissensions intestines. Les Hollandais furent admis à conserver un comptoir dans le port de Nagasaki. Un îlot, con-