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vi
préface


eût introduit le plus révélateur des documents, si ce document n’avait point concerné ce qu’il appelait l’histoire des mœurs, et son tact, pour discerner les alluvions qu’avait apportées sur les faits le besoin qu’éprouve un homme de se raconter, n’était point infaillible ; je ne dirai même pas qu’il n’eût point préféré l’alluvion, si elle avait paru pittoresque.

Cela — n’est-ce pas ? — est le grand danger en la matière que M. Paul Cottin allait explorer. Il se renfermait dans les deux derniers siècles et même ne prenait-il guère le dix-huitième qu’en la seconde moitié. À tout ce qui était lettres, journaux, pièces de procès, enquêtes de commissaires, nulle crainte de se tromper, ni d’être trompé. Cela était ce que c’était. À une date fixée, tel ou tel avait exprimé tel sentiment, subi telle algarade, éprouvé telle contrainte, obtenu tel arrêt. Mais, pour les mémoires et les souvenirs, comment distinguer les lacunes ou les erreurs qui proviennent d’une mauvaise mémoire, d’une volontaire ou involontaire déformation des faits ?