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vii
préface


Il m’est apparu — et à quiconque a lu beaucoup de mémoires, il apparaîtra — que, sauf un nombre de cas infiniment rares, le mémorialiste écrit sous l’influence d’un délire : délire des grandeurs, délire des persécutions, délire génésique ; le plus souvent délire des grandeurs, auquel se mêle et se subordonne le délire des persécutions, et que saupoudre à des passages le délire génésique. Le plus beau cas, dans les livres récemment publiés, est celui du général Thiébault, qui réunit et fait fleurir les trois délires sous un même bonnet ; mais Marbot en est aussi un joyeux exemple et les récentes investigations sur sa véracité qu’a publiées M. Chuquet dans les Feuillets d’histoire ; les contradictions où il est tombé avec quiconque, ayant servi avec lui, a témoigne des événements ; les démentis qu’il a subis, en particulier sur le rôle des Suisses à la Grande Armée ; l’ignorance volontaire où cet homme qui parle si volontiers de lui-même, laisse le lecteur de l’épisode le plus intéressant de sa vie — sa proscription de 1815 — tout à la fois le montre construisant un Marbot qu’il fera passer tel quel à la