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sept fois vendu !


tantinople, qui m’a acheté, pour la sixième fois depuis que j’ai quitté mon pays. J’ai bien prié mon nouveau marchand pour qu’il achète ma sœur pour amener avec moi à Constantinople, pour que nous contions nos peines l’un à l’autre. Il n’a pas voulu non plus. Enfin j’étais tout-à-fait désolé. Je pleurais le matin jusqu’au soir. Ma pauvre sœur, elle m’a caressé bien tendrement en me disant : « Donne-moi un peu de tes cheveux. Je les ferai remettre à notre bonne mère » (pour lui bien assurer que j’étais vivant). J’ai été bien caressé pendant quinze jours. Elle prend les ciseaux et coupe une grande quantité de mes cheveux, en versant des torrents de larmes sur ma tête, en disant : « Mon cher Roustam, dans tout pays où tu iras, il faut pas négliger de m’écrire ; tu vois bien que nous n’avons plus d’autre consolation que de le chérir et penser nuit et jour à toi. Si papa