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L’ANGLETERRE

en regardant son beau fleuve St-Laurent qu’il avait tant aimé : « Je reviendrai dans mon pays, mais non pas vivant ! »

Cette parole était prophétique. Le travail, la lutte, et les veilles avaient usé cette organisation dévorée d’activité, et qui n’était plus soutenue que par son indomptable énergie. Le repos, le changement de climat, la paisible atmosphère de la vie domestique qu’il n’avait pas assez goûtée, ranimèrent quelque temps ses forces épuisées. L’espérance commença même à renaître au fond de son cœur ; et quand la mort impitoyable vint frappera cette porte No. 47, de la rue Welbeck, elle n’était pus assez attendue ! Mais la miséricorde de Dieu est intime, et sans doute elle aura reçu son âme. Sa foi ferme, ses profonds sentiments religieux et les nobles combats qu’il a soutenus contre les doctrines libérales lui auront mérité cette grâce.

Un rapprochement s’impose à mon esprit : O’Connell et Sir George.

Le premier servit avec amour sa patrie et l’Église, l’Irlande et Rome. Il alla mourir en Italie dans les bras de l’Église sa mère, léguant son corps à l’Irlande, son cœur à Rome et son âme au ciel !

Le second aima surtout son pays et sa mère-patrie, le Canada et l’Angleterre. Il mourut à Londres qui lui avait décerné de grands honneurs et légua au Canada son corps qui y fut rapporté et enterré avec une pompe princière ! La différence de ces deux destinées est un grand sujet de réflexion.