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L’ANGLETERRE

christianisme, son respect de l’autorité, le maintien de sa hiérarchie politique et religieuse, son unité sociale, sa famille-souche, son système de lois pour la protection, l’administration et la transmission de la propriété.

Son esprit religieux est mal éclairé, il est vrai, et depuis trois siècles il a pris une fausse route. Mais si l’Angleterre n’est pas catholique, elle est du moins chrétienne. Si elle ne possède pas la vérité toute entière, elle en possède les fondements inébranlables.

Elle ne remet pas en question les principes constitutifs des sociétés, les rapports de Dieu avec l’homme, la loi naturelle ou le droit divin. En un mot elle ne rejette pas l’ordre surnaturel.

Au contraire, elle a foi dans la Bible, cette Somme de toutes les vérités, et la Bible mal interprétée même vaut mille fois mieux que le Contrat Social bien compris.

Elle a reçu le baptême, et elle garde encore la morale évangélique. Elle croit en Jésus-Christ, et en sa Parole, elle conserve et met en pratique une multitude de prescriptions et de traditions catholiques, mieux même parfois que des peuples qui sont restés unis à l’Église de Rome.

L’observation du dimanche, par exemple, si négligée dans les villes de France et d’Italie, est poussée jusqu’au scrupule à Londres — qui ce jour-là ressemble à un tombeau. Qu’on y mette de l’exagération, et une certaine rigueur pharisaïque, je l’admets bien ; mais cet excès vaut mieux que l’autre, et si Paris