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PARIS

Ce n’est pas encore l’ogive aiguë et légère, la flèche aérienne et ciselée, l’arcade hardie et délicate qui distinguent l’architecture gothique du XVe siècle ; mais en même temps ses lourds piliers, avec leurs larges chapiteaux destinés à supporter le plein-cintre, portent sans fatigue, quoique sans élégance remarquable, les arceaux superposés de l’ogive, avec ses cadres efflorescents et fouillés.

Le gothique est toujours l’élancement vers le ciel, de ce fond ténébreux qui symbolise la vie humaine ; mais dans les XIIe et XIIIe siècles il rappelle le vol pesant de l’aigle, tandis qu’au XVe siècle c’est le vol rapide et léger de la colombe. Il y perdit de la majesté ; mais combien il s’accrut en beauté !

Lorsque vous arrivez sur la place de Notre-Dame pour la première fois, vous êtes un peu étonné et désenchanté. La grande façade vous paraît trop massive et trop basse, et les tours surtout ne semblent pas assez élancées. Mais ces proportions grandissent à mesure que vous approchez, et peu à peu vous êtes charmé de l’harmonie de l’ensemble.

Les trois portails, avec leurs grandes portes en ogive, leurs galeries symétriques, leurs rangées de colonnettes, leurs niches et leurs statues ; la variété et la multiplicité des ornements, de feuilles, de fleurs, de guirlandes, d’aiguilles, d’arêtes et de lancettes dentelées ; la grande rosace du centre et les doubles fenêtres latérales, laissant pénétrer dans le sombre édifice cinq immenses jets de lumière qui rappellent les cinq sens de l’homme, les bas reliefs s’étageant au milieu d’arabesques capricieuses ; puis enfin les