Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/24

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

a entre eux solidarité, et le péché des uns qui leur a donné la mort, a apporté la destruction aux autres.

Seule la nature est toujours vivante, et renouvelle sans cesse ses beautés. Mais elle ne les prodigue pas également dans tous les pays, et l’Irlande sous ce rapport est l’un des plus richement doués.

Rien n’égale le vert de ses prés et de ses bois, les gracieuses ondulations de ses montagnes, les étranges escarpements de ses falaises, les encadrements azurés de ses lacs, la fraîcheur de ses cascades, et l’immense variété de ses perspectives. C’est l’Émeraude des mers enchâssée dans le granit !

À peine étions-nous débarqués sur les grèves de l’Irlande qu’une grande figure historique s’est dressée dans mes souvenirs. Saint-Patrice.

Il est bien remarquable que le pays qui devait être si longtemps esclave a pour patron ce grand saint, qui fut trois fois réduit en esclavage. C’est bien le modèle qu’il fallait à ce peuple tourmenté ; car la vie de Saint Patrice est la plus agitée, la plus semée de traverses et d’adversités qui fut jamais.

On comprend mieux comment l’Irlande a pu vaincre la mort, quand on se rappelle qu’à la voix de son patron les morts se levaient de leurs tombeaux ! On se prend à espérer que l’Irlande convertira l’Angleterre, quand on songe que son patron rendait la vue aux aveugles ! On peut croire encore que l’Irlande redeviendra prospère et libre, quand on lit dans la vie de Saint Patrice que sa foi a réalisé