Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/295

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après, et qui d’un croyant tiède a fait un pratiquant fervent. Il semble qu’il y a peu de distance entre croire et pratiquer ; mais en réalité il y a un abîme, et Paul Féval a mis des années à le franchir. Croire est quelque chose, mais pratiquer c’est tout : voilà ce que Paul Féval ne voulait pas comprendre.

Et maintenant si l’on veut connaître Paul Féval converti, il faut lire la Première Partie des Étapes d’une conversion. C’est un des plus beaux livres de la littérature contemporaine, d’autant plus beau qu’il n’est pas entièrement le produit de l’imagination, et que son héros a vécu.

Paul Féval le nomme Jean, mais il s’appelait Raymond Brucker, et les cercles d’ouvriers dont je veux parler, rappellent naturellement son souvenir.

Il fut aussi cet ami dont l’influence a fini par triompher du vieil homme en Paul Féval, et par en faire un homme nouveau qui fait le plus grand honneur au nom catholique.

Je n’ai pas entendu Brucker, qui était mort lorsque j’ai visité Paris ; mais dans une brillante conférence au cercle du Luxembourg, M. Léon Gautier a fait revivre sous mes yeux cette gloire de l’éloquence populaire et j’en veux noter quelques traits, puisque je parle des conférenciers de Paris.

Les cercles catholiques d’ouvriers n’ont été organisés que deux ou trois ans, je crois, avant la mort de Raymond Brucker, et lorsqu’il avait à peu près cessé de donner des conférences.