Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/317

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que le talent d’une danseuse. Après une étude approfondie de cette musique nouvelle, il exprimait l’opinion que mademoiselle Colombier balbutiait un peu des jambes !

Je comprends après cela que M. V. de Laprade, dans son spirituel et charmant livre, “ Contre la Musique, ” ait pu la représenter “ étalant à l’Opéra des pirouettes, des ronds de jambes, de trop aimables gestes et des charmes de toutes sortes. ”

J’en ai dit assez, lecteurs, pour vous mettre en garde contre les tendances malsaines de l’opéra, et pour que vous sachiez, dans l’occasion, mettre quelque réserve dans l’expression de votre admiration. Vous applaudirez, si vous le voulez. M. Faure et Madame Carvalho — je les ai souvent applaudis, moi-même — vous louerez Gounod, Rossini, Meyerbeer et l’incomparable Mozart ; mais vous constaterez en même temps que la musique, qui devient le plus répandu et le plus encombrant des arts, perd en distinction et en élévation ce qu’elle gagne en popularité.

Passons maintenant au Théâtre Français, qu’on appelle aussi la Maison de Molière, et la Comédie Française. Traversons ce vestibule, où les statues de la Tragédie et de la Comédie, représentées sous les traits de Mlle Rachel et de Mlle Mars, semblent nous inviter à monter. Pénétrons dans le foyer, et arrêtons-nous devant la statue de Voltaire par Houdon. Le patriarche de Ferney est assis dans un fauteuil posé sur un large piédestal, et vous croiriez qu’il va se lever pour, vous saluer, tant l’œuvre de marbre est vivante.