Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/326

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Cette étude du réalisme contemporain au point de vue littéraire serait curieuse à faire.

Mais nous n’avons pas le loisir de considérer le théâtre sous cet aspect, et ce n’est qu’en passant, par quelques mots seulement, que je qualifierai le mérite littéraire des auteurs dramatiques du jour.

Les plus célèbres sont connus, et je crois les ranger dans l’ordre de leur illustration en les nommant ainsi : Alexandre Dumas, fils, Émile Augier, Victorien Sardou et Octave Feuillet.

Leur malheur à tous, disons mieux, leur défaut dominant, c’est de placer au-dessus de toute croyance, le succès ! Tout leur sert de litière pour arriver à ce but suprême, le succès ! C’est le souverain qu’ils veulent servir avant tout, c’est le despote auquel ils sacrifient tout !

Victorien Sardou est celui qui a obtenu le plus de succès, quoiqu’il soit inférieur, et peut-être parce qu’il est inférieur à ses émules Augier et Dumas. Car il n’a pas le souffle dramatique de Dumas, ni l’élégance soignée d’Émile Augier, ni même l’ingénieuse imagination d’Octave Feuillet. En revanche, il faut dire qu’il a beaucoup d’esprit, et que ses dialogues sont d’une vivacité, et d’une verve entraînantes, surtout dans les premiers actes de ses comédies.

Mais tous méconnaissent le noble but de l’art dramatique ; et si, d’une part, ils ont semé dans leurs œuvres abondamment d’esprit, d’autre part, il faut convenir que les grands aperçus, les larges horizons, les élans des grands penseurs en sont absents. Ils composent