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PARIS

peur a engendrées, l’inégalité subsiste, plus arrogante et plus impérieuse que jamais.

Vainement l’on a changé les formes de gouvernement, substitué les unes aux autres les diverses couches sociales, placé en haut ce qui doit être en bas, on n’a pas produit l’égalité, parce que l’égalité, telle que prêchée par la Révolution, est contraire à la nature même des choses. Dans le ciel, comme sur la terre, et dans l’immensité de la création, l’inégalité existe, et elle existera aussi longtemps que le monde. Toujours il y aura dans l’humanité inégalité de talents, inégalité de positions, inégalité de fortunes.

Toutes les théories économiques et financières, tous les systèmes d’organisation du travail, tous les régimes politiques n’y pourront rien, il y aura toujours à côté d’un homme qui s’élève ou qui fait fortune, un autre homme qui végète ou qui s’appauvrit ; et c’est ce que prévoyait l’Homme-Dieu quand il disait : « Vous aurez toujours des pauvres au milieu de vous. »

Y a-t-il un remède à cet état de choses ? Y a-t-il une organisation, une institution qui puisse rétablir dans une certaine mesure une vraie égalité dans la société, et relever le niveau des déshérités de ce monde ?

Oui, cette organisation existe, mais on la chercherait vainement en dehors du Christianisme. Elle n’est que là, et elle est fondée sur cette loi universelle et obligatoire, que le Christ a donnée au monde, qui est plus efficace que toutes les lois économiques, et qui s’appelle la loi de charité.