Aller au contenu

Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/137

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Mais ce n’était pas dans les batailles que les braves se distinguaient le plus, et acquéraient des titres à l’admiration de leur tribu ; c’était dans des combats singuliers ou dans des expéditions isolées.

Le jeune guerrier qui voulait se faire un nom partait seul pour surprendre le camp des ennemis ; il allait à pied, et non à cheval, pour se cacher plus aisément. Il cheminait tantôt le jour, tantôt la nuit, selon qu’il y avait plus ou moins de danger d’être découvert. Il n’allumait pas de feu, quand il se reposait ou s’arrêtait pour manger, parce que la fumée aurait pu trahir sa présence.

Quand il avait découvert le camp ennemi, il s’en approchait, au milieu des nuits les plus noires, avec toute la prudence du serpent et en rampant comme lui à travers les herbes, de manière à tromper la vigilance des chiens eux-mêmes.

Puis, il s’élançait tout à coup vers la tente d’un chef ou sur une sentinelle endormie ; il tuait et scalpait les premiers ennemis qu’il surprenait, et, quand l’éveil était donné, il s’enfuyait vers l’endroit où il avait vu paître les chevaux, se hissait en un clin d’œil sur celui qui lui avait paru le meilleur, et disparaissait bientôt dans la nuit, emmenant devant lui les coursiers affolés les plus éloignés du camp.

Qu’on imagine son triomphe quand il rentrait dans