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Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/172

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ces prédicateurs ennuyeux qui chantent leurs sermons, au lieu de les dire avec le ton naturel de leur conversation.

Après les discours, nous serrâmes de nouveau la main des sauvages, et nous remontâmes dans notre palais-roulant.

Quand le train se mit en marche, tous les sauvages se jetèrent à genoux, et les évêques, debout sur la plate-forme de notre char, leur donnèrent une dernière et solennelle bénédiction.

Et sur les oriflammes flottantes brillaient les inscriptions : Salvete, reverendissimi domini — Plaudite gentes — Hosanna ! Alleluia ! Et les feuillages printaniers frémissaient d’allégresse ; et la brise et les oiseaux chantaient, et le soleil rouge, baissant à l’horizon, inondait de ses rayons joyeux les vertes ondulations de la plaine.

Quel peintre il faudrait pour reproduire une pareille scène ! Mais la peinture elle-même n’en rendrait pas le mouvement, la vie et les douces émotions.

Imaginez quels durent être les sentiments de ces pauvres enfants du désert qui n’avaient jamais vu que leurs humbles missionnaires. Songez à l’étonnement et à l’émotion qu’ils ont dû éprouver en voyant réunis devant eux, dans un coin inconnu de leurs prairies tous ces grands chefs de la Prière et tous ces dignitaires ecclésiastiques fraternisant avec eux et leur adressant