Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/194

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Il était tard, et il avait grand besoin de repos. Mais à peine était-il au lit qu’il entendit gratter à la porte de la tente.

— Je parie, dit le Père Lacombe au Père André, que c’est encore cet ennuyeux de sorcier.

Il se leva et alla ouvrir. C’était en effet Papabkinès, qui entra sans dire un mot. Une partie de la tente servait de chapelle : le vieux sorcier se dirigea de ce côté. Là, il se jeta à genoux, et après un long silence il se mit à prier à voix haute :

— « 0 grand Esprit, disait-il, toi qui écoutes les buffles quand ils ont besoin d’eau, toi qui donnes aux oiseaux les graines qui les nourrissent, pourquoi donc, ne m’écouterais-tu pas ? Est-ce que tu aimes mieux les bêtes que les hommes ? On dit que tu as un fils et que tu l’aimes comme toi-même : Eh bien moi, j’ai une fille et je l’aime plus que moi-même. Toi qui peux la guérir pourquoi veux-tu qu’elle meure ? Qu’est-ce que cela te fait à toi de me prendre ma fille ? Tu n’en as pas besoin, et elle m’est nécessaire à moi. Si tu m’entends, et si tu es vraiment le Maître de la vie, laisse vivre ma fille, et je croirai alors que tu es bon et que tu nous aimes. »

— Vous allez voir, dit le père André au Père Lacombe, que ce vieux sorcier va faire un miracle !

Le malheureux père pria ainsi une partie de la nuit.

Au matin, le Père Lacombe fut forcé de partir pour une mission un peu lointaine et il ne revint qu’au bout de