Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/201

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d’elles que s’est passé le fait providentiel que nous allons raconter.

C’était en février de je ne sais plus quelle année. Le missionnaire avait quitté Saint-Albert pour aller rejoindre un grand parti de chasseurs Cris, qui se dirigeait vers les prairies du Sud. Il voyageait en traîneau à chiens, avec un brave Cris, devenu chrétien, et qui, sous le nom d’Alexis, est connu dans l’Ouest comme l’un des plus grands chasseurs des prairies, et l’un des plus dévoués amis des missionnaires.

Après plusieurs jours de marche, et quelques centaines de milles parcourus, ils étaient arrivés dans le voisinage de la rivière à la Biche, et ils espéraient y trouver quelques traces du passage de l’expédition des Cris.

Le voyage dans la Prairie à cette saison de l’année n’est pas gai. Le ciel est gris, et le soleil est bien loin. Ses rayons obliques sont pâles et ne réchauffent guère. Toute blanche de neige, la plaine interminable, monotone, silencieuse, est comme une morte ensevelie dans un blanc suaire.

Pendant de longues heures le voyageur chemine, sans entendre d’autre son que le bruissement de la neige sous sa raquette, sans apercevoir un signe de vie, un sentier battu, un simple vestige révélant des êtres vivants ; et l’horizon est toujours le même, et la plaine