Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/203

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on en a pris le pli, la joie bruyante fatigue, et l’on redemande l’ennui vague, indéfini de la solitude muette.

À toutes ces impressions que nous analysons nos deux voyageurs étaient depuis longtemps habitués. Ils marchaient donc en silence, l’un en avant des chiens pour les guider, et l’autre en arrière.

Le soleil venait de s’enfoncer sous l’horizon, et la nuit venait rapidement ; mais là-bas les falaises de la rivière à la Biche dessinaient leurs courbes dentelées. Déjà la pente des terrains indiquait son voisinage, et la nuit tomba tout à fait quand ils en atteignirent les bords.

Mais alors ils sentirent par la neige durcie sous leurs pieds que des chevaux avaient passé par là, et dans une petite pointe de bois ils rencontrèrent tous les vestiges d’un campement récent, et décidèrent d’y passer la nuit.

II

La première chose à faire était d’y allumer un bon feu, et Alexis s’y entendait à cette besogne. Bientôt il découvrit le foyer même du campement, et en en remuant les cendres il constata que le feu n’était pas encore éteint.

Il le ralluma joyeusement, et quand la flamme dissipa l’obscurité, les langues des deux voyageurs se délièrent.

— Ah ! Père, je suis bien content de faire chaudière,