Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/216

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— J’ai quelques onguents, répondit le Père.

— Voudrais-tu soigner mon gendre, qui est bien malade ?

— Quel mal a-t-il ?

— Tu vas voir toi-même, je vais le faire venir.

Et pendant qu’on allait quérir son gendre, il raconta le terrible accident dont il avait été victime.

Quelques semaines auparavant, pendant une bataille, son fusil avait fait explosion, et lui avait broyé la main. Alors, il s’était attaché le bras bien serré, au-dessus du poignet, et prenant son couteau de chasse il s’était lui-même amputé la main.

L’inflammation des tissus, la corruption du sang, le manque de soins, le froid, avaient produit dans tout le bras une gangrène affreuse qui arrivait jusqu’à l’épaule.

Quand le missionnaire le vit, il fut épouvanté.

— Mon cher frère, dit-il au chef Cris, les plus grands médecins dans mon pays seraient embarrassés dans un cas semblable : que veux-tu que je fasse, moi qui ne suis pas un homme de l’art ?

Foin-de-senteur baissa la tête, et dit d’un air soupçonneux à ses camarades :

— « Si nous étions des siens, il le soignerait bien, et le guérirait. »

Puis, jetant au Père un regard suppliant, il ajouta :

« Soigne-le, toujours ; fais ce que tu pourras. Et