Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/222

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« Tout à coup, j’aperçus un guerrier de haute taille, drapé dans une ample couverte rayée de rouge, et se dirigeant vers moi. J’étais sûr qu’il ne m’avait pas aperçu, et je compris que c’était un des Anciens qui s’en allait au haut d’une colline pour adorer le Soleil, qui allait se lever, et pour bénir le camp qui dormait encore.

« Je vis qu’il allait passer auprès de ma cachette, et je résolus de le tuer. Mais, en déchargeant mon fusil sur lui, j’allais réveiller le camp, et tomber entre les mains des ennemis.

« Je bandai mon arc, je pris une flèche que je baisai, et visai l’homme au cœur.

« La flèche vola droit au but, et l’homme tomba.

« Comme le tigre des montagnes, je m’élançai vers lui, et comme il respirait encore je lui enfonçai mon couteau dans la poitrine.

« Sa chevelure était une des plus belles que l’on pût voir ; je la lui arrachai, après avoir décrit un cercle sanglant autour de sa tête.

« En laissant retomber son crâne dépouillé sur l’herbe verte, j’y remarquai des touffes de foin odoriférant. J’en arrachai une poignée que je mis dans mon sein, pendant que j’attachais à ma ceinture la superbe chevelure du chef ennemi.

« À ce moment, j’observai quelque mouvement dans le camp, et je pris ma course vers la troupe de chevaux,