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Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/223

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mon lasso à la main. Un grand nombre s’enfuirent ; mais un bel étalon, moins effrayé, se laissa approcher assez pour que je pusse lancer à son cou mon lasso. Il se cabra ; mais je réussis à l’arrêter, sautai sur son dos, et poursuivis les autres chevaux qui s’enfuyaient devant moi, de manière à les diriger vers mon pays.

« De grands cris retentissaient dans le camp où l’alarme était donnée, et des centaines de guerriers couraient après les chevaux qui restaient, pour les monter et me poursuivre.

« Mais pendant ce temps-là je m’enfuyais comme l’antilope poursuivie par des chasseurs ; et, quand je regardais en arrière, à travers les nuages de poussière que soulevait ma troupe de chevaux, je voyais se dessiner au loin plusieurs cavaliers qui galoppaient en poussant des hurlements de rage sans réussir à diminuer la distance qui nous séparait. Au contraire, je m’aperçus bientôt que je les distançais toujours davantage, et quand il fut l’heure de midi, ils avaient renoncé à ma poursuite.

« Je me reposai alors, et fis boire mes chevaux dans une rivière que j’avais à traverser. Je voyageai tout le reste du jour et toute la nuit. Quand l’aube se leva j’avais sous les yeux le camp encore endormi de ma nation bien-aimée, et j’y rentrai, monté sur mon superbe coursier et emmenant devant moi quarante-deux beaux chevaux enlevés aux Pieds-Noirs.